Journée d’étude de l’ERC TARICA : « L’Égypte dix ans après : confrontation et hybridation des modèles »
janvier 25, 2021 @ 8h00 - 17h00
L’expression de « printemps arabe » utilisée pour désigner les mouvements de protestation qui ont secoué la région en 2011 ne doit pas masquer la diversité des trajectoires nationales. L’Afrique du Nord, en particulier, a été le théâtre d’une transition démocratique en Tunisie, de réformes constitutionnelles au Maroc et en Algérie, d’un effondrement de l’État en Libye, et d’une « restauration autoritaire » en Égypte. C’est cependant à l’ombre de cette restauration que les dynamiques nées de la révolution de 2011 continuent de bouleverser la société égyptienne. L’anniversaire des manifestations du 25 janvier 2011 – qui débouchèrent 18 jours plus tard sur la chute de Moubarak – constitue une occasion de dresser le bilan de ces dix années tumultueuses qui n’ont pas fini de transformer l’Égypte.
Avec trois changements de constitution et autant d’élections présidentielles et législatives, les institutions politiques et le système partisan ont été plusieurs fois remaniés, et le vide politique laissé par la dissolution du PND et la répression des Frères musulmans et de leurs alliés n’a jamais été totalement comblé. Par ailleurs, divers chantiers d’importance ont été ouverts par le nouveau régime et sont désormais à divers stades de leur réalisation : construction d’une nouvelle capitale, transformation du Caire en pôle touristique, réforme du discours religieux, refonte de la politique sociale, dévolution de nouvelles compétences aux collectivités locales. Enfin, plusieurs secteurs sociaux ont vu leur fonctionnement profondément modifié durant cette période : transformations du monde des affaires, accélération de l’individuation des pratiques religieuses, émergence de nouvelles formes de mobilisation autour de thématiques autrefois inaudibles (habitat, environnement, lutte contre le harcèlement, droits des minorités sexuelles), réformes du droit encadrant le fonctionnement des ONG et des syndicats, mais aussi des médias et de la justice.
Cette journée d’étude mettra l’accent sur la confrontation de différents modèles concurrents, voire contradictoires, qui se sont affrontés en Égypte au cours de la décennie écoulée : modèle néo-libéral ou modèle de l’État social nassérien ; modèles « turcs » ou « algériens » d’intégration ou d’un mélange de cooptation et d’exclusion des islamistes ; modèles révolutionnaires français, russe, iranien ou tunisien ; notion d’un « État civil » défini par une double opposition aux régimes militaires et aux républiques islamiques. La discussion, la confrontation, l’hybridation parfois, de ces différents modèles a contribué aux changements évoqués ci-dessus, observables dans la plupart des secteurs de la société égyptienne.