

Ecole doctorale : Des musées (Post)coloniaux en méditerranée ? muséographies, reconfigurations Politiques et fabrique des identités
novembre 25, 2024 - novembre 28, 2024
Des musées (Post)coloniaux en méditerranée ? Muséographies, reconfigurations Politiques et fabrique des identités
Date : du 25 au 28 novembre 2024 CASA DE VELÁZQUEZ
Coordination
Cyril ISNART MMSH et IDEAS, Aix–Marseille Université et CNRS
Tiziana N. BELTRAME DiSSGeA, Università degli Studi di Padova (Italie)
Gwladys BERNARD, École des hautes études hispaniques et ibériques – Casa de Velázquez
Organisation
École des hautes études hispaniques et ibériques (Casa de Velázquez, Madrid),
Centre Jacques-Berque (UMIFRE 2, UAR 3136, Rabat),
École française de Rome, Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (UMIFRE 1, USR 3077, Tunis)
Contact
Gwladys Bernard : gwladys.bernard@casadevelazquez.org
Secretariado : Soledad Durán: soledad.duran@casadevelazquez.org
Lieu de célébration
CASA DE VELÁZQUEZ, C/ Paul Guinard, 3. Ciudad Universitaria. Madrid
En 2022, l’ICOM a adopté une nouvelle définition internationale de l’institution muséale. Le musée est un lieu de partage des connaissances au service de la société, ouvert, inclusif, participatif, durable. Et, sans le dire, la définition comprend une dimension postcoloniale. Sur les rivages de la Méditerranée, comme ailleurs, les musées ont été — et demeurent parfois — des caisses de résonnance des récits du passé et le lieu de démonstration des puissances coloniales et postcoloniales. Dans quelle mesure la nouvelle définition du musée y est-elle appliquée ? Les histoires singulières de chaque musée et de ses collections, les histoires coloniales des états, les changements de régime politique, le rôle des sociétés civiles et les critiques postcoloniales n’engagent pas
tous les musées de l’espace méditerranéen dans le même courant de transformation. De quelles origines nationales le musée est-il le médium ? Comment relire des collections d’origine coloniale après les indépendances et la domination impériale ? Quelle est la place des minorités dans la transformation muséale ? Comment les innovations muséographiques, les demandes de restitutions ou les pratiques participatives, sont-elles reçues par les équipes de conservation et le public ? Jusqu’à quel point les musées s’affranchissent-ils des pouvoirs en place au profit de l’inclusion ? Quels sont les modèles et les repoussoirs des politiques culturelles et comment circulent ces innovations et ces résistances autour de la Méditerranée ? Comment actuellement, l’usage de la dénomination même de Méditerranée peut-il être porteur d’une colonialité toujours à déconstruire ? L’objectif de cet atelier doctoral est d’aborder, dans le contexte méditerranéen et au-delà, les musées et leurs reconfigurations (post)coloniales, à différentes échelles temporelles et spatiales et à la lumière d’un dialogue interdisciplinaire.
Résumé
En 2022, l’ICOM a adopté une nouvelle définition internationale de l’institution muséale. Le musée est un lieu de partage des connaissances au service de la société, ouvert, inclusif, participatif, durable. Et, sans le dire, la définition comprend une dimension postcoloniale. Sur les rivages de la Méditerranée, comme ailleurs, les musées ont été – et demeurent parfois – des caisses de résonnance des récits du passé et le lieu de démonstration des puissances coloniales et postcoloniales. Dans quelle mesure la nouvelle définition du musée y est-elle appliquée ? Les histoires singulières de chaque musée et de ses collections, les histoires coloniales des états, les changements de régime politique, le rôle des sociétés civiles et les critiques postcoloniales n’engagent pas tous les musées de l’espace méditerranéen dans le même courant de transformation. De quelles origines nationales le musée est-il le médium ? Comment relire des collections d’origine coloniale après les indépendances et la domination impériale ? Quelle est la place des minorités dans la transformation muséale ? Comment les innovations muséographiques, les demandes de restitutions ou les pratiques participatives, sont-elles reçues par les équipes de conservation et le public ? Jusqu’à quel point les musées s’affranchissent-ils des pouvoirs en place au profit de l’inclusion ? Quels sont les modèles et les repoussoirs des politiques culturelles et comment circulent ces innovations et ces résistances autour de la Méditerranée ? Comment actuellement, l’usage de la dénomination même de Méditerranée peut-il être porteur d’une colonialité toujours à déconstruire ?
L’objectif de cet atelier doctoral est d’aborder, dans le contexte méditerranéen et au-delà, les musées et leurs reconfigurations (post)coloniales, à différentes échelles temporelles et spatiales et à la lumière d’un dialogue interdisciplinaire.
Argument général
« Un musée est une institution permanente, à but non-lucratif et au service de la société, qui se consacre à la recherche, la collecte, la conservation, l’interprétation et l’exposition du patrimoine matériel et immatériel. Ouvert au public, accessible et inclusif, il encourage la diversité et la durabilité. Les musées opèrent et communiquent de manière éthique et professionnelle, avec la participation de diverses communautés. Ils offrent à leurs publics des expériences variées d’éducation, de divertissement, de réflexion et de partage de connaissances ».
Telle est la nouvelle définition internationale des musées adoptée en 2022 à Prague par l’Assemblée Générale de l’ICOM, l’organisation internationale qui régule le champ des politiques muséales.
Les études critiques en sciences humaines et sociales sur les musées et leur histoire ont insisté sur le rôle que ces institutions jouent dans la fabrique de l’identité nationale, en décrivant d’une part le musée comme une technologie de pouvoir (institution de reproduction du goût des élites et de la domination culturelle), et en démontrant d’autre part la mondialisation d’une conception occidentale de la culture, avec la circulation des classifications scientifiques ou des catégories de « patrimoine », « art », ou « collection ». En Méditerranée, les rapports de domination politiques et économiques entre les pays ayant mené la colonisation et ceux qui s’en sont émancipés, dessinent un paysage singulier de coopération et de résistance, de coordination et d’appropriation, qui rappelle d’autres contextes africains ou américains.
En prenant en compte une série de transformations que les musées ont connues ces dernières décennies (et dont la nouvelle définition de l’ICOM est un signe frappant), cet atelier vise à réfléchir sur les modes de gestion des musées et sur les pratiques de production des savoirs en situation coloniale et postcoloniale dans les sociétés méditerranéennes. Il souhaite ouvrir le débat sur ce que voudrait dire aujourd’hui le mot d’ordre « décoloniser le musée ». Comment la dimension postcoloniale bouleverse-t-elle les musées au Maghreb, en Europe du sud et au Moyen-Orient ? Quelles seraient les résistances au changement des pouvoirs en place et des organismes culturels ? Comment se négocient les récits du passé à travers les demandes de restitutions des biens spoliés ou l’enrichissement des collections héritées du passé ? Existe-t-il un grand partage entre musées du nord et musées du sud ou assiste-t-on à des circulations inattendues ? Quel est l’impact des grandes expositions programmatiques ou des négociations spectaculaires de diplomatie culturelle ? De l’autre côté de l’échelle, quelles sont les initiatives, aussi petites soient-elles, qui présentent des situations d’inclusion sociale dans les musées ?
La perspective interdisciplinaire de l’atelier doctoral, convoquant l’histoire, la géographie, l’anthropologie, la muséologie, l’archéologie, la science politique, l’art, etc., permettra de décloisonner des langages et des approches sur le monde muséal et ses reconfigurations spatiales, matérielles, symboliques et sociales à différentes échelles temporelles. En effet, il n’est pas toujours question d’expositions évènements ou de grandes négociations diplomatiques, les changements muséaux peuvent également être menés au quotidien, derrière la scène, par des gestes, des matières et des sensibilités en mutation qui accompagnent les objets culturels et leurs institutions de conservation dans leur devenir.
Encadrants et conférenciers invités
Julien Bondaz, anthropologue, maître de conférences à l’Université Lumière Lyon 2 et chercheur au Laboratoire d’Anthropologie des Enjeux Contemporains (Ladec, Université Lumière Lyon 2)
Emilie Goudal, historienne de l’art, Professeure au Centre d’Etude des Arts Contemporains (CEAC – Université de Lille)
Jamel Hajji, archéologue, Directeur du musée du Bardo (Tunis, Tunisie)
Damiana Otoiu, anthropologue du droit et de la politique et senior lecturer à l’université de Bucarest
Organisation
L’École thématique se déroulera sur quatre journées de travail en présence de spécialistes reconnus. Elle comprendra une série de conférences, trois sessions de présentation et de discussion des travaux des participants et, en fonction du temps et des disponibilités des institutions, au moins une visite muséale en lien avec la thématique de l’atelier (Museo de América, Casa Arabe, Museo Reina Sofia…)