Terrain (s) des migrations au Maroc : explorations thématiques et méthodologiques
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université Mohamed V, Centre Jacques Berque, Centre d’Art Contemporain
Dates : 13 AU 15 NOVEMBRE 2024, RABAT
Adresse : Faculté des Lettres et des Sciences Humaines – Université Mohammed V3 Av. Ibn Batouta, Site de Bab Rouah, Amphi. Charif Al Idrissi, FLSH, Rabat
Résumé de l’argumentaire
Situé entre deux régions du monde particulièrement marquées par des circulations et des dynamiques migratoires, à savoir l’espace méditerranéen et l’espace sahélo-saharien, le Maroc s’est historiquement « constitué d’un brassage inextricable de populations de différentes origines » (Khrouz et Lanza, 2015). Pays traditionnellement connu pour l’émigration de ses ressortissant·e·s, il est aussi devenu, au cours des dernières vingt années, un espace d’immigration plus diversifiée et visible – ce qui n’exclut pas les enjeux de visibilisation et d’invisibilisation de certaines parmi ces mobilités (Pian, 2009). Désormais qualifié comme « carrefour migratoire » (Alioua, 2013) traversé par des mobilités estudiantines, de travail, de « transit » et des migrations privilégiées, le Maroc reste aussi et encore un pays de départs et d’arrivées nombreux et variés (Berriane, De Haas, Natter, 2014). Le royaume représente ainsi un territoire caractérisé par des dynamiques migratoires plurielles, multiformes et inscrites dans la durée (Amamou, 2023).
Dans la continuité d’une première édition, c’est dans la perspective de sortir d’une focale européo-centrée que les Rencontres Scientifiques « Terrain(s) de migrations au Maroc : explorations thématiques et méthodologiques » proposent un espace de réflexion et un temps d’échange dédiés à l’analyse des circulations qui façonnent et modulent le pays. Aussi, dans la diversité de ces regards scientifiques, dans cette imbrication d’échelles d’analyse (locales et/ou transnationales, anciennes et/ou contemporaines, individuelles et/ou collectives), il s’agira de faire un zoom sur cet espace marocain en prenant en considération ses particularités dans l’étude des mobilités qui le traversent (historiques, sociales, géographiques, politiques, démographiques, culturelles) tout en resituant l’analyse dans un
contexte migratoire plus large, à savoir régional et international, pour ouvrir à une mise en perspective avec les contextes voisins.
Ces deuxièmes Rencontres Scientifiques s’articulent autour d’axes thématiques et méthodologiques, tous deux déclinés autour de différentes focales :
1) Un premier panel invite à penser l’attente comme un concept à la fois proche et loin de l’expérience (Geertz, 1983), en réfléchissant aux temporalités de l’attente comme expérience migratoire constituante des trajectoires individuelles en mouvement ; comme une considération empirique et méthodologique (subie ou voulue, mais nécessairement présente); enfin, comme une entrée thématique qui permet d’appréhender autrement les mobilités étudiées.
2) Un second panel thématique ouvre des réflexions autour des solidarités, proposant d’examiner les interactions entre les mouvements migratoires non autorisés issus des pratiques d’externalisation des frontières européennes dans les pays tiers, et les pratiques de solidarité.
3) Un troisième panel thématique questionnera les liens entre migrations et développement, notamment en observant dans quelles mesures les dispositifs qui matérialisent l’action publique et celles des organismes non gouvernementaux déclenchent des processus d’autonomisation de l’action collective à laquelle participent les migrant e.s. et donnent lieu à une reconfiguration du rapport de l’Etat au local.
4) Un axe méthodologique est développé à partir d’un panel portant sur des modes d’enquête et d’écriture mobilisant l’image dans les études migratoires, qui s’attache à interroger la production d’images (fixes ou animées) comme entrée et démarche scientifique, mais aussi comme outil sensible et “alternatif” de partage des connaissances.
5) Une seconde entrée méthodologique met l’accent sur l’éthique et l’engagement de la recherche au Maroc, se fixant l’objectif de questionner les manières de concevoir, de mener et de diffuser des recherches portant sur les migrations internationales.